Quand le roi Henri III, frère de Charles IX, meurt sans enfant le 2 août 1589, Henri de Navarre accède au trône de France. Il devra conquérir son royaume par les armes, affronter les ligueurs ultra-catholiques alliés aux Espagnols. Malgré de belles victoires (Arcques, 1589, et Ivry, 1590), Henri IV ne peut entrer dans Paris qu'en mars 1594, après avoir abjuré le protestantisme (25 juillet 1593) et reçu l'onction du sacre à Chartres (27 février 1594). En 1598, la signature de l'édit de Nantes, en avril, établit les conditions de la paix civile et religieuse, tandis qu'en mai, la paix conclue à Vervins avec les Espagnols permet au roi de rétablir l'ordre dans le royaume et aux frontières.
Henri IV s'attache alors à restaurer l'autorité royale bafouée dans un royaume dévasté. En 1600, son second mariage avec une princesse florentine, Marie de Médicis, permet d'assurer la stabilité du trône, grâce à la naissance d'un Dauphin, futur Louis XIII (1601). Le roi mène une politique extérieure active visant à diminuer la menace espagnole. Il obtient du duc de Savoie la cession des pays de l'Ain en compensation du marquisat de Saluces (1601). Il entretient des relations étroites avec le Saint-Siège, l'Angleterre, l'Écosse, les Provinces-Unies.
Une période de paix s'ouvre jusqu'aux derniers mois de son règne. Quand il est assassiné par François Ravaillac, le 14 mai 1610, le roi préparait une opération militaire qui devait opposer la France aux Habsbourg, en Espagne et dans l'Empire, soutenus par le Saint-Siège
La légende d'Henri IV
Qui ne connaît Henri IV, le panache blanc ou la poule au pot ? Sa destinée, sa fin tragique, son caractère même, empreint de bonhomie, alimentèrent la légende de ce roi. De son vivant, on rapporta ses faits d’armes, ses amours et jusqu’à ses bons mots.
Après l’assassinat qui frappa vivement les esprits, parurent des récits de sa vie et de son règne, dont l'Histoire d'Henri le Grand d’Hardouin de Péréfixe (1661), qui contribua à fixer certains de ses traits. La légende du roi pacificateur et restaurateur de la prospérité du royaume devait culminer au XVIIIe siècle dans la littérature et les arts. La figure d’un souverain empreint d’humanité connaît un grand succès avec La Henriade, poème épique (1728) par lequel Voltaire célébrait «ce héros qui régna sur la France // Et par droit de conquête et par droit de naissance».
Dessinateurs et graveurs de grand talent associés aux éditions successives de cette épopée composèrent une image du roi appelée à une belle postérité. Henri IV ravitaillant Paris assiégé, Henri IV s’arrachant aux bras de Gabrielle d'Estrées... autant de scènes qui inspirèrent les artistes jusqu’au XIXe siècle. En 1766, était donnée La partie de chasse d'Henri IV, pièce de théâtre de Charles Collé mettant en scène un roi bon vivant et proche de son peuple, qui connut un extraordinaire succès.
Quand Louis XVI accède au trône en 1774, la popularité d’Henri IV est à son comble et le jeune roi tentera, en vain, d’associer son image à celle de son ancêtre. Après la tourmente révolutionnaire, les Bourbons de retour sur le trône de France vont, à leur tour, jouer la carte du fondateur de leur lignée, la propagande légitimiste associant Henri IV à Louis XVIII et ses descendants, tandis que le courant « troubadour » se plaît à représenter le premier Bourbon dans des scènes où l’anecdotique domine. La restauration du château de Pau, entreprise par Louis-Philippe en 1838, participe de cette même révérence à l’égard d’Henri IV, qui y naquit en 1553.
Roi de guerre, roi de paix, bon père de famille, bon père de son peuple, héros de la tolérance religieuse, vert galant, Henri IV « a bénéficié merveilleusement de ce rare privilège : la vie posthume... Mais l’immortalité ne l'a pas figé. Après sa mort, il conserve une figure étonnamment mobile... » (Marcel Reihnard, La Légende d'Henri IV, 1935)