A la Belle époque, Pau reine des sports

C’est souvent ainsi qu’est désignée Pau à la Belle Époque. La cité est alors présentée et décrite comme un lieu de villégiature et de rendez-vous sportif international unique. Ceci s’explique par l’installation à Pau de Britanniques après les guerres de l’Empire, suivis plus tard de ceux qui furent attirés par le « mythe climatique » né en 1842 de l’ouvrage du docteur Taylor

De nombreux guides touristiques, de journaux, de prospectus, de dépliants et d’affiches présentent la cité comme « une ville sportive qui vient maintenant (…) en tête même des Stations Hivernales les plus en vogue de la Riviera ». Et chacun d’insister sur la douceur et les bienfaits de son climat, la richesse du confort et des loisirs offerts.
La colonie étrangère, aux moyens financiers inouïs pour les Béarnais de l’époque, consacre l’hiver au golf, aux courses de chevaux et à la chasse au renard ; le printemps aux sports « nouveaux » : le jeu de paume, le lawn-tennis, le croquet, le polo, l’automobile et le tir aux pigeons.
Tout est donc fait par la municipalité afin de retenir le plus longtemps possible une clientèle fortunée dont elle suit les engouements afin de « satisfaire le goût de nouveauté des sportsmen ». Elle soutient donc prioritairement les sports « mondains », les plus favorisés étant les courses de chevaux, les chasses au renard et le golf qui assurent à la cité un développement économique et urbain inespérés. Ainsi, par exemple, en 1895, les sports et les fêtes offerts à la société étrangère représentent-t-ils plus de 16% du budget municipal. Les sociétés et les personnes intéressées par la présence de la colonie étrangère vont donc pratiquer une sorte de chantage auprès des autorités locales afin d’obtenir des aides en insistant sur l’intérêt financier pour la ville des manifestations sportives pour lesquelles elles demandent sa participation. Ainsi, lors de la saison 1913-1914, les sports mondains bénéficient-t-ils de 100 000 francs de subventions quand tous les autres réunis ne s’en voient accorder que 3000…

Pau Reine des sports : le golf

Sur des terrains loués à la commune de Billère et à des fermiers par lord Hamilton, les colonels Hutchinson et Anstruther, le major Pontifex et l’archidiacre Sapte, le premier golf du continent est créé en 1856 sur le modèle de celui de St-Andrew’s. Le Pau Golf Club, doté d’abord de 9 trous, en comptera plus tard 18.
Le postulant à l’entrée au club doit être présenté par un « parrain ». Les membres votent pour ou contre son admission en utilisant une boule blanche ou noire qu’ils introduisent dans une sorte d’urne. La présence d’une seule boule noire entraîne le rejet du candidat : celui-ci est « blackboulé ». Les dames ne sont admises à la pratique du golf qu’à partir de 1875 et disposent d’un parcours de 9 trous au nord de celui des hommes…

Pau Reine des sports : les chasses au renard

Le Journal des étrangers Pau-Gazette du 29 novembre 1908 nous apprend pourquoi la région paloise fut choisie pour accueillir cette activité : « Nulle région n’est mieux appropriée à ce genre de sport. Le calme de l’atmosphère, l’absence de vent y permettent de sortir par tous les temps. » C’est en 1842 que MM. Cornwell, Roussel et Whyte, les frères Cavendish et le capitaine Shillar fondèrent une Société pour la destruction des bêtes fauves, loups et renards. En 1864, elle deviendra le Pau-Hunt et, en 1875, la Société de Chasse à Courre de Pau créée par M. Stewart. Son activité est essentiellement britannique mais elle est moins fermée que le Pau Golf Club. Elle accueille de plus en plus d’Américains fortunés et de Français moins riches mais titrés. Sous la direction de « masters », dont les plus connus sont MM Ridgway et Prince, sur un vaste territoire qui s’étend d’Orthez à Tarbes et de Thèze à Oloron, 3 à 4 chasses sont organisées par semaine à partir d’une quarantaine de lieux de rendez-vous.

Pau Reine des sports : les courses de chevaux

Contrairement aux sports précédents, le cheval est en Béarn une tradition ancienne puisque des fêtes hippiques ont lieu à Morlaàs en 1150.
En 1839, le duc et la duchesse d’Orléans créent la Société d’encouragement pour l’élevage des chevaux dans les Basses-Pyrénées. En 1842, un hippodrome « Montpensier » est établi et deviendra un centre équestre de renom équipé de pistes d’entraînement, de plat et d’obstacle. Les courses et les Grands Prix seront pour les commerçants, les éleveurs, les entraîneurs et les jockeys source de revenus considérables.
Des concours hippiques, au départ privés, puis publics organisés sur la Haute-Plante [lien derrière le texte ; vers images de la Plave Verdun, anciennement Haute Plante ; à définir après intégration] à partir de février 1888, accroîtront l’importance des chevaux à Pau, « l’une des raisons du plaisir de vivre de la colonie étrangère. »

Pau Reine des sports : le tennis

Pour les riches hivernants anglo-saxons, 6 courts de lawn-tennis sont installés au sein du complexe sportif de la plaine de Billère qui accueille aussi le golf, le criquet et le polo.
Puis des courts en terre battue sont créés au parc Beaumont plus proche du centre-ville et des villas occupées par la colonie étrangère. Des tournois y sont organisés à partir de 1903 et jusqu’en 1907. Après cette date, ils auront lieu sur les courts du Véloce-Club béarnais, stade Philippe-Tissié actuel, et accueilleront des tournois internationaux, masculins et féminins.
Moins fermée que le Golf club, cette société, autrefois réservée à quelques "happy fews", est composée d’autant de Français que d’étrangers. Cependant, la manière de se comporter est tout à fait dans la tradition britannique.

Pau Reine des sports : l’automobile

L’Automobile-Club béarnais est créé en 1899 par un Américain, M. Thorn. Cette même année est organisée une course Pau - Bayonne - Pau.
Une Grande Semaine des Sports a lieu les 22 et 25 février 1900 accueillant le premier Grand Prix de l’histoire de l’automobile dont le nom est calqué sur celui des épreuves hippiques.
Une nouvelle Semaine sportive se déroule en février 1901. À cause de l’interdiction en France de ce genre d’épreuves en raison de nombreux accidents mortels, elle sera la dernière avant le Grand Prix de Pau 1930.