Les graveurs de l'époque ne racontent pas l'enfance et la jeunesse d'Henri IV, à une exception près. Henri IV n'existe qu'à partir de son abjuration. Pourtant, impossible de masquer l'origine provinciale du roi quand celui-ci reçoit des Ossalois venus avec les produits du pays. Hardouin de Péréfixe, premier biographe après la mort du roi (il écrit pour le jeune Louis XIV et lui présente ce grand-père fondateur de lignée) fixera la légende de la jeunesse d'Henri de Navarre dont se saisiront avec délice les graveurs de la fin du XVIIIe siècle et tout le XIXe siècle.

Henri de Bourbon. Prince de Béarn / Vincent (peintre du roi) / Miger, Simon-Charles (graveur) / 1780-1786 / Estampe
Annoté en bas : Dessiné par Vincent Ptre. du Roy d'après le Tableau Original qui est au Palais Royal. Gravé par Miger Graveur du Roy
Pireneas

Premier portrait "officiel" d'Henri. On le dit alors âgé de quatre ans. Le garçonnet est un beau blondinet, en bonne santé, à la coiffure sage. Si les graveurs choisissent de le représenter précisément à cet âge, c'est que l'enfant entre en politique.

En effet, le 22 octobre 1558 Henri paraphe son premier document officiel. Ce jour-là en l'absence de sa mère Jeanne d'Albret, le petit régent est tenu d'apposer son seing au bas du parchemin qui entérine une décision prise par les États du Béarn : la levée de trois mille montagnards pour faire face à l'invasion des troupes espagnoles qui viennent de franchir la Bidassoa.

Les graveurs font ensuite grandir le jeune garçon. Enfance studieuse avec son percepteur. Bref, on lui apprend son rôle de seigneur et les belles manières.

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Jeune homme, les traits d'Henri de Navarre s'affirment. Ces ennemis disent de lui volontiers que c'est un "renard roux". Roux, du fait de sa couleur de cheveux,  châtain foncé plus que roux. Renard, de part le visage émacié et le long nez du jeune homme.

Au XIXe siècle, les graveurs reproduisent ces caractéristiques physiques sans les accentuer, ce n'est pas l'essentiel. Henri IV est un roi populaire, il s'agit juste de le montrer jeune, dans la force de l'âge... Henri IV est nécessairement beau, répondant aux canons de l'époque... non pas de son époque, mais de l'époque de la réalisation de la gravure ! On est vraiment dans l'expression de sa légende.

Henri de Bourbon Roi de Navarre / Henriquel-Dupont (graveur) / estampe /1845 / Pireneas

Henri de Bourbon, Roi de Navarre / François André Vincent / estampe / 1786 / Pireneas

Sur cette gravure, peut-être le portrait le plus fidèle à la réalité. Croqué semble-t-il sur le vif, le jeune homme n'a pas encore ce visage émacié dont parle avec constance tous les chroniqueurs... visage dont les joues se creusent assez vite du fait de la perte de ses dents par défaut d'hygiène, ce qui accentue l'ovale de la figure.

Bien plus tard, les pommettes et les joues tomberont faisant paraître le roi comme un vieillard, roi qui alors veillera sur son image en la faisant rectifier. C'est ainsi que l'on a l'image d'un roi pleine de bonhomie dans les traits.

Image à gauche : Henri IV (jeune) / Dessin / Pireneas

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